OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le Parti Pirate allemand étend son pavillon http://owni.fr/2012/05/07/le-parti-pirate-allemand-land-mai/ http://owni.fr/2012/05/07/le-parti-pirate-allemand-land-mai/#comments Mon, 07 May 2012 15:04:34 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=109248

Les supporters du Parti socialiste célébraient également une victoire électorale ce week-end. Le Parti Pirate allemand fêtait un nouveau joli score, qui confirme son enracinement dans le paysage politique outre-Rhin. Aux élections régionales du Schleswig-Holstein, un Land du Nord pauvre et rural, il a obtenu 8,2% des suffrages, lui permettant d’obtenir six sièges. C’est autant que les libéraux du FPD, les alliés en perte de vitesse de la coalition gouvernementale menée par les conservateurs de la CDU. Certes, la formation est encore loin derrière les grands partis, respectivement 31,5% et 29,9 % pour la CDU et le SPD, et 13,3% pour les Verts. Mais l’important réside dans leur progression : le PP fait plus que quadrupler son score du précédent scrutin, 1,8% en 2009. La CDU perd le contrôle du Land, et Die Linke n’a plus de siège.

Le PP accroche ainsi un nouveau trophée à son tableau de chasse qui s’est sérieusement étoffé ces derniers mois : entrée fracassante au parlement régional de Berlin en septembre puis au parlement de Sarre en mars, ce qui lui avait valu une déclaration de reconnaissance de la part de la chancelière Angela Merkel. Selon elle, le Parti Pirate est “un facteur important” de la vie politique allemande.

Le trublion se permet même de proposer ce lundi son soutien à la probable coalition SPD-Les Verts-Südschleswigschem Wählerverband (SSW, le parti de la minorité danoise). Toutefois, il entend éviter d’être “pris dans des projets de loi gouvernementaux.”

Le parti né en Suède en 2006 séduit beaucoup les jeunes avec son programme initialement consacré aux libertés numériques, ce qui lu a valu une étiquette de “parti de geeks”. Toutefois, il continue aussi de profiter de l’usure du système actuel, en prônant la transparence en politique et une démocratie plus horizontale, avec par exemple leur outil participatif LiquidFeeback. Sebastian Nerz, le jeune président du PP allemand, nous a répété les explications qu’il avance aux médias de plus en plus curieux qui les sollicitent :

Beaucoup de gens sont frustrés par la politique en cercle fermée en œuvre depuis plusieurs décennies. Ils veulent participer aux processus politiques. Et ils constatent que les vieux partis sont incapables de résoudre nos problèmes actuels. Nous présentons des idées nouvelles, une politique ouverte et transparente et nous avons le courage de poser des questions qui dérangent.

La bourde du chef de file du PP au Parlement de Berlin, qui a récemment comparé l’ascension fulgurante du PP à celle des Nazis dans les années 30, ne semble pas avoir eu d’impact.

Envol des adhérents

Cette série de succès profite aux effectifs, qui se sont logiquement envolés ces derniers mois, chaque victoire amenant son lot de nouveaux membres, “essentiellement des libéraux” selon Sebastien Nerz. Néanmoins, le sondage qui propulsait le PP sur la troisième marche du podium des partis allemands, devant les Verts et Die Linke, parait un peu optimiste.

Progression des effectifs Parti Pirate allemand

Le regard naguère contempteur des caciques allemands de la politique a évolué. Sebastian Nerz observe non sans plaisir :

Il n’y a pas un an, ils nous méprisaient. Maintenant, ils doivent prendre en compte nos idées et la façon dont nous voyons la politique. Ils doivent adopter certaines de nos idées. J’aime vraiment ça.

Le Parti Pirate allemand entend continuer sa stratégie actuelle qui porte ses fruits : cultiver sa baseline tout en s’attaquant à d’autres thèmes pour séduire un cercle plus large.

Nous allons même élargir un programme encore plus large, mais nous continuerons de montrer que les hommes politiques peuvent travailler dans la transparence, que la participation mène à de meilleurs résultats et -surtout -, que la liberté et les droits civiques ne doivent pas être méprisés.

Le Parti pirate français sous pression

Le Parti pirate français sous pression

Ce mercredi, le Parti Pirate français a présenté ses candidats aux législatives de juin. Les attentes sont grandes pour ...

Dès dimanche prochain, c’est un nouveau test qui attend le PP, avec un morceau de taille : le Land de Rhénanie-du-Nord Westphalie, le plus important d’Allemagne tant par sa taille démographique que par son poids économique.

En dépit de leur courte existence – ils se sont lancés en 2009 -, leurs cousins anglais ont aussi passé un bon week-end électoral : ils ont atteint pour la première fois 5% des voix à l’occasion des élections locales, dans la ville de Manchester, et un autre candidat a reçu 3 % des voix.

Certes ces scores ne leur permettent pas d’obtenir un siège, mais une pression supplémentaire pour le Parti Pirate français en lice aux législatives le mois prochain et qui pour l’heure semble appliquer le principe de transparence à son existence même.


Illustration par Loguy /-)

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Jouanno, Twitter et la campagne http://owni.fr/2010/03/26/jouanno-twitter-et-la-campagne/ http://owni.fr/2010/03/26/jouanno-twitter-et-la-campagne/#comments Fri, 26 Mar 2010 11:52:19 +0000 Cerise On The Cake http://owni.fr/?p=10944
Twitter, bouc émissaire. Photo CC Flickr OliBac

Twitter, bouc émissaire facile. Photo CC Flickr OliBac

Après la défaite, il est courant de chercher des boucs émissaires. Pour Chantal Jouanno, tête de liste UMP dans les Hauts-de-Seine aux régionales, Twitter est un de ceux-là. Sur la péniche qui servait de quartier général au parti du président le soir du deuxième tour, Cerise On The Cake rend compte de ces attaques.

Dimanche soir, sur la Péniche de l’UMP, au milieu des petits fours, l’ambiance n’est pas vraiment à la fête. La victoire en Alsace aura eu beau réchauffer la soirée quelques minutes, même l’arrivée de Valérie Pécresse ne convainc pas la foule. Une fois “l’émission spéciale” de TF1 terminée, les écrans géants s’éteignent et la plupart des militants désertent le navire.

Entre discours convenus et militants fatigués, pas grand chose à se mettre sous la dent pendant cette soirée. Si ce n’est cette phrase, qui a fait son petit effet :

“Twitter a fait beaucoup de mal à la campagne”

Cette phrase est de Chantal Jouanno, candidate sur la liste de Valérie Pécresse à Paris. Interrogée sur cette réaction, elle explique

“On ne fait pas de politique en 140 signes”

Les européennes de 2009 auront vu se développer les réseaux sociaux militants à l’instar d’Europe Ecologie ou de lesdémocrates.fr, ou encore les profils facebook consacrés aux partis ou aux candidats. La campagne des régionales aura quant à elle été l’occasion d’observer comment le petit monde politique utilisait son nouveau jouet, à savoir Twitter. A quelques mois des échéances électorales, on a vu apparaître une multitude de comptes, plus ou moins funkys, tentant d’attirer le chaland et de militer sur tous les fronts.

Mais pour Chantal Jouanno, la réponse est claire. “Faire de la politique en 140 signes n’est pas possible”. Est-ce vraiment la raison qui la pousse à rejeter Twitter en bloc ? Ou plutôt le fait qu’elle en ait été la victime bien malgré elle, de l’histoire de la ligne 14 du métro à “LA” rumeur. Toujours est-il que l’élue sait quand même se servir de l’outil pour tacler sa rivale, Anne Hidalgo, la chipie de la campagne.

Ça a placé la campagne sur des attaques personnelles”

On imagine déjà les crêpages de chignon en réunion.

Valérie P. dort

Valérie P. dort

Quelques mètres plus loin, c’est Benjamin Lancar, président des jeunes UMP et tout nouvel élu qui fanfaronne. Autoproclamé “geek de l’UMP”, il assume son rôle et se fend d’une petite remarque pour ses 1000 followers

“Je tweete avec beaucoup de monde ce soir”

Alors quid de l’utilisation de twitter à l’UMP ? Peut-être que Benjy devrait donner des cours à sa voisine de fauteuil. Ce qui est sûr, c’est qu’avec un compte désespérement vide, Chantal Jouanno est décidément plus à l’aise sur un tatami que sur la toile.

Le compte twitter de Chantal Jouanno, désespérement vide
Pas de tweet sur le compte de Chantal Jouanno

> Article initialement publié sur On The Cake

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Youpi! Ils ont gagné? http://owni.fr/2010/03/22/youpi-ils-ont-gagne/ http://owni.fr/2010/03/22/youpi-ils-ont-gagne/#comments Mon, 22 Mar 2010 16:13:22 +0000 Emgenius http://owni.fr/?p=10632

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Un discours de triomphe modeste, mais un discours de triomphe quand même.

Ainsi donc, comme en 2004, la plupart des régions sont restées colorées de rouge. Et depuis hier les ténors avec ou sans twitter, de nous marteler qu’il s’agit d’un vote sanction de la politique du gouvernement à la tête de la république française.

Je n’ai pas voté pour la région île de France où je réside. Je ne peux pas. Je ne suis pas Français (un choix de fainéant, depuis que mon pays de racines, la Belgique a autorisé il y a six mois la double nationalité à ses ressortissants). J’ai entendu les arguments balancés par les futurs votants et les abstentionnistes dans #lafrancedutrain qui m’emmène chaque matin de Seine et Marne à Paris. On y parlait de la personnalité bonhomme de Huchon et du sourire coquin de Valérie Pécresse. Ou alors on parlait des résultats désastreux de Paris en championnat ou on ne parlait pas.

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J’ai reçu des tracts de Jean Paul Huchon à ma gare d’extrême Seine et Marne. J’ai vu aussi des poubelles pleines des mêmes tracts quelques mètres plus bas, dans le couloir qui mène au train. J’ai lu les batailles à coup de Ali Soumaré, les déclarations facebook de Frédéric Lefèbvre, j’ai entendu le triomphalisme de gauche demander la tête de François Fillon entre les lignes. Et si c’était Jean-Marie Le Pen qui avait eu la seule bonne analyse du scrutin en version 2010 « Le Pen, c’est une bonne marque, en laquelle les gens ont confiance ».

Et si le vote sanction, le vote épidermique qui permet d’excuser sinon d’expliquer les revirements complets de l’opinion publique n’étaient en fait que le reflet du monde contemporain ?

Combien sont-ils, les petites gens à mon image ? Ceux qui luttent autant pour le pouvoir d’achat au quotidien que pour l’écran plat ? Ceux qui ne noieraient pas leur prochain dans l’eau d’un bain de merde, mais seraient prêts à gueuler si les voisins se mettent à marcher sur les plates bandes ? Combien sommes-nous à conchier  les extrêmes de tout bord sans pour autant soutenir d’idéal ni de droite ni de gauche. Combien sommes-nous à voter, ou ne pas voter, par habitude ?

Parce que les préoccupations politiciennes nous semblent à ce point éloignées de nos quotidiens que nous avons l’étrange impression qu’un système vaut bien l’autre. Qu’on ne sera jamais tous frères unis sous le drapeau rouge, mais pas dupes non plus de lois votées au profit de certains, sous le couvert de la réponse à un fait divers, une préoccupation sociale. Et je me souviens à 17 ans, de ce gros couillon qui fustigeait ses camarades de classe donnant leur vote à la pensée paternelle sans réfléchir à l’idéologie, au monde qu’ils désiraient pour plus tard. Je suis pire qu’eux. J’ai abdiqué. Je survis. J’envie. Je possède et constate.

L’économie quotidienne. La tambouille dans la gamelle de tous les jours et l’hédonisme capitaliste ont depuis longtemps remplacé notre préoccupation politique.

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On veut tous plus. On veut tous mieux. Et tant pis si parfois on doit faire taire l’internationale socialiste qui chante au fond de nos cœurs. Les vacances aux Maldives valent bien quelques grammes de C02, et on ne se priverait pas du café à la machine parce qu’il est servi dans un gobelet plastique. On veut bien être un peu justes, mais pas jusqu’au point de partager nos appart’s avec tous les miséreux du monde. On veut bien accueillir les réfugiés politiques, mais à la seule condition qu’ils n’habitent pas à 15 dans la maison mitoyenne, qu’ils évitent les ablutions matinales sonores et les odeurs de friture insupportables. On veut bien être socialistes, mais pas au point de nourrir tous les tire au flanc, que parfois on envie, le soir quand on est crevé par la journée de boulot, la grève SNCF ou le trafic à la sortie de la méga-ville.

La politique n’est plus au mieux, qu’un outil de notre développement personnel. Au pire une habitude ou un sujet de conversation. Nous sommes volatiles, changeants, inconsistants. Nous sommes capables de sacrifier un idéal au gré de notre ambition personnelle. Nous sommes près à tous les compromis parce qu’ils servent notre cause propre ou perpétuent notre consensus mou.

Nous pensons la politique en terme de phrases assassines, de discours grand guignolesques ou de spiritualité sur Twitter.

Un casse-toi pauvre con et nous sommes capables de causer six heures avec nos collègues. Un désir d’avenir et notre journée numérique est enjouée à coup de retweet.

Nous avons la vague impression que quelque chose ne va pas. Nous voudrions que l’île de sacs plastiques au milieu de l’Atlantique soit nettoyée, mais ne serions pas prêts à être taxé pour le nettoyage à sec. Nous votons pour les chaussures de Nadine Morano, la petite marche de Nicolas Sarkozy, la serpillère flasque de Van Rompuy ou le nœud papillon d’Elio di Rupo.

Notre conscience politique se construit autour d’un clip « pour ceux qui veulent changer le monde » et d’un bon mot des guignols. Notre idéologie se développe pour Stéphane Guillon ou contre lui. Nous nous en foutons royalement (sans jeu de mot), tant que rien n’empêche les courses chez H&M, le caddie chez Intermarché et les vacances au mois d’Août.

Nous avons la conscience diffuse que quelque chose ne va pas, ne va plus, n’a jamais été. Cohn Bendit représente la génération de l’échec des idéaux, mais nous n’avons pas d’idéaux. Besson ou Strauss Kahn la preuve qu’on peut être de gauche sans finir professeur d’histoire à collier de barbe. Saint Sega priez pour nous. Et priez, priez que tous nous veuille absoudre.

On aimerait changer le monde, mais notre temps de cerveau disponible est restreint, une fois achevée la lutte pour notre propre survivance et le visionnage de la saison 6 de Docteur House. On aimerait que quelqu’un le change à notre place, par baguette magique et qu’on puisse tous en profiter, y faire des profits. Boire le café à la machine le matin et continuer à respirer correctement, parce qu’on est les pères de nos enfants. On aimerait donner notre destin à un guide, un despote éclairé. Mais on n’a pas confiance en les icônes politiques, qui tournent au vent des électeurs comme des girouettes.

On a l’impression de devoir prendre le destin du monde en main, mais on a déjà du mal à se saisir du nôtre. Et on a peur d’être roulés dans la farine alors on évite de se commettre à adorer une icône politico médiatique qui sera balayée plus tard par une affaire, un revirement ou un mauvais mot glosé par les humoristes.

Nous sommes défiants

C’est là notre seule conscience politique. On sait qu’on ne se fera plus avoir par le politique. Alors on se fait avoir par l’économique. Saint Sega priez pour nous . Et soumets-nous à la tentation. On se rassure en écoutant les radios qu’on imagine colorées à peu près à notre goût et les trublions de bon ton. Nous oublierons. Nous serons prêts à contourner les lois, défier les dogmes si seulement l’économie nous offre une drogue légale. Here we are now, Entertain us, comme disait l’autre.

Parce que quand on se met à penser on pleure. Parce que devant l’ampleur des tâches on se rend compte de nos différends, de nos différences, et de ce qu’on n’aura pas assez d’une vie pour que tout change à notre rythme mollasson.

Nous votons par habitude, ou nous ne votons pas. Ou pire nous votons pour la marque électoraliste qui nous tente le plus. Le Pen a raison (dit comme ça ça fait peur… toi qui pratique la culture de l’extrait remonte plus haut je t’en supplie). Nous choisissons notre préférence électorale plus en fonction des idées, mais en fonction du catalogue, de la vitrine que propose le candidat. Une poitrine avenante, un regard mutin peuvent amener plus de voix qu’un vrai programme dûment calibré. Je vous jure avoir entendu peu avant l’élection de 2007 dans #lafrancedutrain « sarko il gagnera pas, il est trop petit pour faire un président». Quelques bons mots sur Twitter et @benoithamon m’enthousiasme plus que Martine Aubry.

Un site internet pourri ou le rappel opportun d’une opposition ancienne avec le Club Dorothée et c’est une élue de Poitou Charentes qui fait les frais de notre courroux. Un Yann Arthus Bertrand par hasard programmé la veille du scrutin et c’est le monde qui devient écologiste d’un soir. Un policier abattu dans l’exercice de ses fonctions et nous sommes tous profondément convaincus que le monde ne tourne plus rond et qu’il faut resserrer les boulons.

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Quand la victoire est une question de plus’ produit

Nous sommes citoyens d’une méga-ville planétaire. Qu’une explosion se passe sur le pont d’à côté, et nous ne croirons à sa véracité que si le présentateur vedette nous le confirme. Qu’on pense révolution et on se pique de regarder exactement sur quel point de détail du discours de l’UMP on peut porter un estoc parce que sur le fond, on n’est pas si différents. Qu’on soit de gauche et il faut en porter la coquarde : « libé-Guillon-FranceInter » ou de droite « costard, cheveu beatles et microentreprise.

On ne vote plus sur foi d’idées ou de concepts, parce qu’on a la diffuse impression que les concepts ne changent plus le monde et qu’un concept sera toujours moins puissant que l’économie. Et que de l’économie dépend Saint Sega. On vote sur catalogue. On choisit sa marque électorale comme on choisirait un Jean dans un catalogue de La Redoute. Parce qu’il est pas cher, parce qu’il fait le cul rond ou que l’air du mannequin donne envie de lui mettre une cartouche. On applique à notre philosophie, à nos actes, des mécaniques économiques marketing/envie/acte d’achat sensibles aux saisons, à l’ADN de la marque et à la publicité. Notre culture, notre conviction politique est un catalogue France Loisir.

On y picore ce qui nous est bien présenté. Et on s’engage à bien lire chaque mois un morceau de la culture qu’on nous ressemble, que quelqu’un un jour a formaté pour qu’il nous ressemble…. L’économie a non seulement remplacé l’idéal politique, mais il y plaque aujourd’hui ses mécaniques.

Donner des leçons c’est bien…

Mais je n’ai ni le courage ni l’envie de me lancer dans une croisade pour un retour de la prise en main de nos réflexions politiques, pour le retour de la conviction philosophique avant le glamour du glissement du bulletin dans l’urne. Je n’ai pas le temps.

Comme tout le monde je galère d’abord avec l’envie de me payer un resto par mois en famille et des vacances à la côté cet été. Comme tout le monde je m’émeus du ministère de l’identité nationale et m’amuse des spots de campagne blafards du PS. Comme tout le monde si j’allais voter, je choisirais mon candidat sur catalogue (je le fais déjà pour les élus belges que je dois choisir à distance).

Avant j’imaginais que pour éviter que le titanic se mange l’iceberg, il fallait que je grimpe à bord et que je convainque le capitaine. Aujourd’hui je suis plus enclin à rester sur la rive tirer dessus au bazooka, et préparer les chaloupes pour sauver qui pourra. Sauf que… être belliqueux c’est pas classe, et je me vois pas négocier en loucedé l’achat et le montage de mon bazooka. Pas le temps pour ces conneries, y’a Breaking Bad S03E01.

Vivent les régions à gauche ?

> Article initalement publié sur le coin d’Emgenius dans la soucoupe

> Illustrations by mainblanche et par alainalele

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Dans l’isoloir avec Pécresse dans la poubelle… http://owni.fr/2010/03/20/dans-lisoloir-avec-pecresse-dans-la-poubelle/ http://owni.fr/2010/03/20/dans-lisoloir-avec-pecresse-dans-la-poubelle/#comments Sat, 20 Mar 2010 12:09:18 +0000 Vinvin http://owni.fr/?p=10489 isoloir

Pour la première fois de ma vie, je me retrouve à trois minutes de mon bulletin de vote sans savoir pour qui je vais voter. Non seulement cela, mais je ne sais pas non plus si je suis de gauche ou de droite. Ou pourquoi pas vert.

Il faut dire que je n’ai pas été aidé. Ni par la méchante crise mondiale, ni par les politiques aux cheveux plaqués en arrière, ni par la Poste qui ne m’a pas livré les programmes. Un scrutin fictif sans doute, qui n’existe que dans mon imagination… J’entends dire ici et là que l’abstention va battre des records et je me sens différent, presque à culpabiliser d’aller voter pendant que les autres promènent les varices de la belle-mère ou vont courir la gueuse au Bois de Vincennes. Je vais accomplir mon acte citoyen dans la clandestinité, avec la sensation de participer à quelque chose de rétrograde, de futile et vain.

Rendez-vous à la maternelle du coin.

Des petites classes, des petites chaises, des dessins d’enfants, bariolés et gauches, les mini toilettes ouvertes sur le couloir froid et vide. Un manteau d’enfant, seul, est suspendu à un crochet, et je me demande pourquoi il y a un seul manteau ; et où est l’enfant. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé… Dans la salle du vote, deux vieilles filles et un ivrogne m’observent bizarrement. Impression qu’ils ont vu Jessie James pénétrer dans le saloon du coin. Lui, porte des lunettes trop grandes sur son nez couperosé. Elle, aime bien son humour communiste militant. Il n’en rate pas une seule, de journée dépouillement, depuis que son père, en 1962, lui a expliqué que « la magouille c’est comme la chtouille, c’est la maladie des partis »! Je dis bonjour et ma voix résonne. Ils me répondent, c’est sympa. Je suis seul à voter en ce dimanche matin, il est onze heures… L’antillaise derrière la grande table saisit ma carte d’électeur et mon permis, elle me valide. Je crois percevoir un bout de sourire m’invitant à saisir des listes, “deux minimum, après vous faites ce que vous voulez…”.

Des listes et des listes, certaines en couleur, d’autres en papier miséreux, des noms partout, des inconnus, des colistiers, des suppléants, des wannabe. Plus d’une quinzaine de listes je crois… Comme d’habitude depuis des siècles, je saisis les listes fréquentables, celles qui me laissent penser que je ne fais pas d’erreur républicaine ; jamais d’extrême, ce n’est pas le genre de la maison. À gauche en bout de table, en premier et bizarrement, c’est Valérie Pécresse.

Comment choisit-on l’ordre des piles sur la table ? Il doit y avoir une loi pour ça quelque part, avec des alinéas et des notes en fin de page. En premier la majorité présidentielle ? Ou les blondes ? Ou bien est-ce une basse manœuvre orchestrée par le maire UMP de ma juridiction ? La première liste c’est comme la première chaîne, TF1 par défaut, chaîne sur laquelle restent scotchés les fainéants et les manchots. Voterais-je UMP par fainéantise ? Suis-je un manchot ? Incapable de poser une tringle à rideaux sans faire deux ou trois trous inutiles, je me dis que oui, peut-être… Je passe doucement devant la table, comme au self du Courtepaille sur l’A10. Et hop, un bulletin PS, hop, un Europe Ecologie, et puis hop, un Mélenchon pour la route. Je l’aime bien Mélenchon, il ne prend pas de pincettes celui-ci… À quoi sert ce jeu ? A qui suis-je censé cacher mon choix ? À cette gentille Antillaise qui s’endort sur son sudoku ? Je crois que ce processus de choix multiple est là pour me rappeler l’indécence de mon trouble. Je culpabilise encore.

Quand je pénètre dans l’isoloir, je ne sais toujours pas…

Le petit bout de planche destiné à opérer le pliage de la grosse feuille est ridicule, même pas la place de poser un verre. J’ai des feuilles de partout, c’est pratique comme du papier alu. Dans la poubelle, à mes pieds, je regarde discrètement les traces de décisions passées ; sur le haut de la maigre pile, il y a une Pécresse gisante comme un sachet de préservatifs usagé et abandonné dans les flaques boueuses d’un fond de Bois de Boulogne hivernal. Que s’est-il passé dans la tête de mes prédécesseurs, qu’ont-ils jeté, quels motifs, quelles punitions ? Impression d’être au restaurant, quand on demande à ses amis ce qu’ils vont prendre ; parfois ça donne des idées… Bon. On y est. Je ne peux pas me défiler maintenant, si près du but.

Serais-je donc de gauche au fond ? C’est possible… Je pense aux Balkany, Lefebvre ou Ceccaldi, et je me dis que je ne peux pas supporter. Je n’en veux plus de cette vulgarité crasse et indécente, ce cynisme rampant. C’est exquis comme frisson, ça réveille, ça excite, je me sens soudain une âme de Guévariste. Mais bien vite je me mets à penser à la gauche et je tremblote un petit peu. Des images en masse me reviennent et se superposent sur un fond d’internationale mal mixée, des Fabius, Lang, Jospin ou Delanoë… Souriant de toutes leurs dents nettoyées à la cire de la brosse à reluire. J’ai comme un goût de frayeur désagréable. Bande de fantoches en culotte longue, bavards immortels, pourvoyeurs de notre ennui depuis des décennies. Et puis Aubry, Huchon, des visages flous, des idées molles. Je ne parle même pas de Ségolène Royal qui me donne soudainement envie de voter blanc ou d’arracher le rideau pour le brûler dans la cour !

Je sens monter en moi comme une colère, je ne sais plus pour quoi, de qui, comment.

Je saisis d’autres feuilles, dans l’ivresse de l’indécision, je suis largué. Mélenchon ? N’allons pas trop vite, pas trop loin. Je dois ménager ma biographie, on ne va pas non plus s’énerver. Restent les écolos… Je l’aime bien le Cohn-Bendit, il a au moins la gouaille qui sonne juste. Voilà à quoi je me raccroche, en ce 21ème siècle ? À la gouaille du leader ? Je ne parle pas d’une vision pour la France, d’une philosophie ou d’un manifeste. Non, juste de son franc-parler qui tranche avec le yahourt mielleux des béni oui-oui de la République dévastée. Et puis la Dufflot, elle est mimi. Moins que la Jouanno dans son kimono, mais plus que Aubry dans son tailleur allemand acheté à la mercerie.

Le mâle que je suis passe alors en revue, très rapidement, toutes les jeunes ou moins jeunes femmes de la politique Française, dans un tri désordonné et subjectif qui n’aurait rien à envier à l’élection de Miss Limousin. J’ai un petit faible pour la Jouanno mais ça ne suffira pas : je ne vais pas voter pour un kimono échancré, si ? Je ne sais plus. Europe Ecologie ? C’est ça ? Quand je pense que quand j’étais petit on riait en famille en regardant Brice Lalonde à la télévision… Je me surprends donc à jeter toutes mes feuilles de papier dans un gros geste de gâchis pas très responsable, tout en pliant une des vilaines feuilles en quatre pour la glisser dans cette minuscule enveloppe bleue. Je vote, je signe, je quitte la salle.

Dans la cour de l’école, il y a ce petit garçon qui roule sur sa trottinette, affublé du manteau qui pendouillait tout à l’heure. Il est vivant, c’est une bonne nouvelle. Il vient à ma hauteur avec ses grands yeux et ses mèches blondes. “Pour qui t’as voté m’sieur ?”. Surpris, je ne sais pas trop quoi répondre, il y a deux minutes j’étais dans l’isoloir, protégé par le secret des lois. Maintenant je suis transparent devant le petit prince. “Je ne sais pas, j’ai fermé les yeux…”, lui dis-je en souriant. Il sourit alors, admiratif, « wouaaa, trop fort ! ». Et il s’en va en roulant.

C’est vrai au fond, j’ai fermé les yeux sur plein de choses en ce dimanche matin…

Billet initialement publié chez Vinvin

Photo CC clementine gallot sur Flickr

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Civisme 2.0: ne pas voter? http://owni.fr/2010/03/15/civisme-20-ne-pas-voter/ http://owni.fr/2010/03/15/civisme-20-ne-pas-voter/#comments Mon, 15 Mar 2010 04:21:13 +0000 Thierry Crouzet http://owni.fr/?p=10077 Pour certains, s’abstenir est un manquement à ses devoirs de citoyen. D’autres estiment au contraire que refuser d’aller voter est une “insurrection civique” (cc Mélenchon). En l’absence d’un quorum, de prise en compte des votes blancs et compte tenu de l’abstention, il nous semble utile d’ouvrir le débat, qui agite aussi l’équipe de la soucoupe…


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Je n’ai pas voté une nouvelle fois et je ne voterai pas tant que la démocratie ne sera qu’un simulacre. J’ai dans Le peuple des connecteurs, et plus tard, exprimé des raisons théoriques pour ne plus voter (impossibilité de prévoir, impossibilité de contrôler la complexité, impossibilité de gouverner…), s’y ajoutent des raisons contestataires. Plus nous serons nombreux à ne pas voter, à refuser de choisir entre imbéciles et andouilles, mieux nous titillerons ceux qui effectuent encore ces choix stupides et qui nient notre liberté de choix. Un jour, un seuil d’abstention sera franchi qui fera s’écrouler un système représentatif exsangue.

Hier, dans le Languedoc, j’ai accompagné ma femme au bureau de vote. Elle a donné sa voix à Europe Écologie, c’est le choix que j’aurais fait si j’y avais été contraint. Non pas pour les plébisciter, mais pour me soustraire à leurs adversaires.

Dimanche prochain, ma femme aussi n’ira pas voter. Comment pourrait-elle choisir entre Frêche (extrême droite de type mitterrandien), UMP (extrême droite déguisée) et FN (extrême droite assumée) ? Elle ne votera pas et je suppose avec elle tous ceux qui ont choisi les Verts, le PS officiel ou la gauche dure. L’abstention devrait être en toute probabilité plus forte dans ma région.

Si les gens avaient du plomb dans la tête, il devrait en aller partout de même. Regardez les chiffres. Vous sommez les voix écologistes et Modem et vous arrivez au score de Bayrou en 2007, autour de 18%. Un hasard ? Je n’y crois pas. Parmi, ceux qui s’expriment, il y a 18 % de gens qui souhaitent une autre forme de politique. Et quand j’entends Cohn-Bendit se situer à gauche, je rigole.

Tu n’as rien compris. Si j’avais voté pour toi, et ma femme a voté pour toi, j’aurais voulu signifier mon rejet de la droite et de la gauche, mon rejet de l’ancien axe d’opposition. Alors quand tu t’allies avec ceux que je rejette, je ne peux pas te suivre.

Je me souviens d’une conversation en juin dernier, sur une terrasse parisienne, avec Sandrine Bélier, toute nouvelle eurodéputée écologiste. Je lui disais alliez-vous avec la gauche et c’est la mort. Elle me jura « jamais ». L’alliance, un an plus tard, vous l’avez déjà faite. Croyez-vous que les gens qui ont pu voter pour vous veulent de cette régression vers un programme commun ? Vous êtes bien comme les autres, seul le pouvoir vous intéresse… et ces petits avantages.

Alors on me dit que ne pas voter favorise le Front national. C’est quoi cette théorie ou plutôt cette rhétorique ? En 2002, au premier tour de la présidentielle : 28 % d’abstention. C’est peut-être beaucoup pour une présidentielle, mais on est loin des 53,5% des régionales 2010. Le Front national ne progresse pas avec l’abstention mais, comme l’abstention, avec l’inanité de nos politiciens. Ne confondons pas les causes et les effets.

Ne pas voter me paraît aujourd’hui la seule manière de militer pour une autre forme de politique. Ne pas voter n’est pas un désengagement, mais un refus des choix restreints qui nous sont offerts. Il faut ajouter au 18 % de ceux qui choisissent la troisième voix peut-être 30 ou 40 % de Français supplémentaires, ceux qui ne votent pas par dégout. La troisième voie est majoritaire en France et elle n’a aucun moyen de s’exprimer, sinon un jour, peut-être, par une insurrection généralisée.

Mais alors pourquoi personne n’arrive à incarner cette troisième voie ? C’est la seule question qui me paraît aujourd’hui intéressante. Bayrou tente et il sombre dans le narcissisme napoléonien. Europe écologie tente et s’acoquine avec la gauche. Rien de surprenant.

Cette troisième voie peut-elle être incarnée par un parti, par des candidats, par un présidentiable ? J’en doute. Si tous ces gens qui ne se reconnaissent plus dans la politique traditionnelle ont développé leur individuation, comme je le suppose, ils ne peuvent plus s’identifier à des totems tutélaires, ces doudous pour adulte, espèces d’individus transactionnels de pacotille.

La représentation absolutiste de nos démocraties n’est plus une forme qui convient à l’homme émancipé du XXIe siècle. Nous devons basculer vers une démocratie distribuée, une démocratie P2P, une démocratie de la responsabilité individuelle.

Utopie ? Préférez-vous le chaos qui se prépare quand les insatisfaits franchiront par leur nombre un seuil critique ? Nous changeons, le monde change autour de nous, la politique ne peut pas rester immuable, sinon de la fracture le sang coulera.

> Article initialement publié sur “Le Peuple des Connecteurs”

> A lire sur le sujet mais avec l’opinion inverse, les articles de Seb Musset: avant le scrutin, et après /-)

> Illustration empruntée à un blog sympa (lulz)

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http://owni.fr/2010/03/15/civisme-20-ne-pas-voter/feed/ 8
Régionales? Connais pas. http://owni.fr/2010/03/14/regionales-connais-pas/ http://owni.fr/2010/03/14/regionales-connais-pas/#comments Sun, 14 Mar 2010 17:24:47 +0000 Seb Musset http://owni.fr/?p=10039 le-sesam-pour-voter-the-sesame-to-vote-par-tonio-vega

Jeudi c’est triste. Sur huit parisiens entre 20 et 40 ans croisés dans le bar : 100% d’entre eux n’iront pas voter. Sur fond de bière et de précarité croissante, ça m’a parlé complots, manipulations, risque d’expulsion, applications Heil-Phone, tous pourris, gauche à droite et droite à gauche, la télévision c’est rien qu’une saloperie pour lobotomisés sauf la dernière saison de Docteur Tousse dont j’ai regardé douze épisodes d’affilé.

La campagne pour les élections régionales a t-elle été si médiocre? Des propositions qui valent ce qu’elles valent furent exposées de tous les côtés ainsi que des bilans défendables et défendus. Programme difficilement audibles, peu repris parce que le format média n’est plus au débat mais à la vitesse, à la petite phrase et à l’invective.

Les vaseuses polémiques introduites médiatiquement avec force débilité par le parti gouvernemental d’un côté et la thématique du bouclier régional anti-Monarque de l’autre troublèrent l’observation du fond. Au point que l’on ne sait toujours pas ce qui est où non du ressort de la région.

Le parti du monarque a accentué l’opacité en attaquant par l’intox (comme l’a encore fait ce matin le storm-trooper gominé sur France Inter), la politique régionale des socialistes sur la hausse des impôts et l’insécurité (L’un est le fait des transferts de compétences décidés et non compensées par le gouvernement et compte moins de 10% dans le montant total des impôts locaux – et je ne te parle même pas de la suppression de la taxe pro-, l’autre n’est tout simplement pas du ressort des régions.)

Cette campagne marécageuse des ronds dans l’eau saumâtre, à mi-mandat présidentiel et en plein désarroi national avec total manque de perspective, profite à la montée de l’abstention.

Le PS criera victoire et immédiatement l’UMP relativisera sur les plateaux qu’avec 50% d’abstention cette victoire ne vaut rien. Le monarque capte enfin qu’avec ses gesticulations il a démobilisé son propre campIl est donc dans son intérêt, rapporté à la seule échéance qui l’inquiète, à défaut de séduire, de démobiliser ceux d’en face.

Comme diraient certains salariés gazés en pleine Défense, le mépris est total.

Si tu penses que les responsables politiques sont tous pourris, sois assuré que certains d’entre eux tablent en permanence et, avec succès, sur la médiocrité de tes aspirations et ta constance dans la résignation.

Donc si j’étais toi, dimanche, j’irais voter du mieux que je peux.

Si tu ne le fais pas pour la victoire, fais-le pour la sale défaite.

* * *
Conseil pour après : Les progrès de la médecine et de la forfaiture présidentielle ne pourront rien contre l’érosion naturelle d’une certaine croûte électorale. En revanche, la désertion des pauvres et des jeunes de la sphère démocratique peut maintenir à moindre frais le parti des riches grabataires en orbite sécurito-stationnaire.

> Illustration par
Tonio Vega sur Flickr
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Mobiliser un ami – Mais que fait #Loppsi lice? http://owni.fr/2010/03/11/mobiliser-un-ami-mais-que-fait-loppsi-lice/ http://owni.fr/2010/03/11/mobiliser-un-ami-mais-que-fait-loppsi-lice/#comments Thu, 11 Mar 2010 14:49:09 +0000 Emgenius http://owni.fr/?p=9878 4184197483_bd50f12208

Ce midi comme tout le monde, j’ai reçu un message de Xavier Bertrand. Bon ok je me suis dit. Xavier il a oublié que j’étais pas français et que la France ne m’a pas encore autorisé à voter aux régionales, comme tout le monde, sur base d’un battage médiatique entre Soumaré, tête pas catholique, Benjamin et français de corps traditionnel. Pas sur base d’un programme, non ça c’est super has been. Bref. j’ai cinq minute pour pondre cet article, je fonce.

En pratique Xavier Bertrand fait un speech mobilisateur dans lequel un ami bien ou mal intentionné qui aime le #LOL ou sa carte de parti,  place ta tête pour t’inviter à voter UMP aux régionales.

Sur le fond, j’aime bien les petites vidéos comme ça où tu peux mettre la tête de quelqu’un. Je me suis récemment fait tuer par mes amis pour 13ème Rue et j’ai été le héros d’une pub pour le câble suédois. Donc ça ne m’a pas embêté. Au début.

Puis en mangeant mon pudding de la boulangerie d’en bas, je me suis rendu compte que finalement cette démarche me fait grincer des dents. Et il n’y a pas de parti pris politique (un comble) dans ma réflexion. J’aurais tenu exactement le même discours à gauche, à droite et aux extrêmes. Mais elle m’amuse plus encore quand elle vient de la part du parti qui soutient et milite pour l’instauration rapide de la #loppsi.

Faisons, court, bref et précis, façon brief de chef de projet :

1) Pas de vérification sur l’adresse mail du rédacteur du message : je me suis amusé à m’envoyer un message signé de la main de bob.sinclar@ump.fr tandis que @Epelboin m’a envoyé pour la démonstration par l’exemple, suite à notre discussion, copie d’un #lolmessage destiné à une certaine Cécilia de la part de Nicolas Sarkozy.

73734724

Le premier site web marketing envoie d’abord un mail à cliquer pour au moins valider l’adresse du commanditaire et éviter les fausses adresses dans la base CRM. l’UMP n’a pas pris cette précaution. Du coup, on peut imaginer les quiproquos moins drôle de gens qui vont recevoir le mail de leurs pseudo-collègues ou chefs de service dont on aura usurpé une adresse sans aucun contrôle.

2) Pas de disclaimer sur la propriété des images de la tête de son ami : n’importe qui peut mettre la tête de n’importe qui dans le tract électoraliste, sans que ce soit ne fût-ce que rappelé qu’il est interdit par la loi actuelle d’utiliser des photos dont on aurait pas les droits. @lesinternautes s’excusent pour les photos de @jeanrenecraypio, Igor Bogdanov, Adolf Hitler et Carla Bruni que j’ai déjà vues passer dans les mails qui m’ont été envoyés par d’illustres inconnus cachés, les fourbes derrière leur PC.

3) Pas de réflexion ou de mention particulière sur la nature du mail reçu : “Xavier Bertrand parle de toi” fait à la limite songer à un mail de fishing pour me vendre des pilules du bonheur ou des accès fictifs à la CAF de Melun, mais pas du tout à un tract électoral utilisant ma tête non validée à des fins politiques. Si on faisait de même avec un @pedobear mettant en scène ma photo dans un snuff ou dans une vidéo pédophile, le site serait tellement scandaleux qu’il serait fermé dans l’heure. Quand il s’agit d’un mail de  #lolbertrand, je trouve ça drôle. Mais demeure quand même l’interrogation sur la méthode.

4) Mise en place de procédés condamnés sur le lieu de travail : du 1) à 3) découle mon 4). À peu près toutes les entreprises françaises interdisent de tenir des propos politiques au bureau. Pour beaucoup d’entreprises, il s’agit d’une faute grave. Imaginons quelqu’un qui recevrait un mail apparemment provenant d’un salarié, invitant un autre salarié à voter UMP dimanche… On prend un risque beaucoup moins drôle du coup.

Alors bon. Soit je me mets à tenir le discours du complot généralisé… Et je me dis que ceci est une manipulation habile de l’UMP pour récupérer des cas concrets d’usurpation d’identité, le tout pouvant conduire à des sanctions disciplinaires en entreprise… Et j’ajoute un “ouaaaah sont forts les bougres” pour justifier Loppsi, ils hésitent pas à donner de leur personne…

Soit je me dis, plus benoîtement, qu’il s’agit d’une action de communication drôle mais un peu maladroite, très peu au fait des pratiques de l’internet et des contraintes que se sont imposés par exemple les professionnels du marketing digital et Facebook, si souvent décriés à la télévision. Je souris gentiment et j’invite l’équipe de #lolbertrand à corriger rapidement les failles polémiques pour ne pas fournir encore une arme bidon à un débat politique régional qui peine à passionner sur les sujets de fond.

> Billet initialement publié sur Emgenius Owni News

> Mobiliser un ami

> Illustration par fondapol sur Flickr

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