Des lacrymos contre les parents d’élèves
Ils étaient venus manifester pour protester contre les fermetures de classe prévues pour la rentrée, ils sont repartis pour certains en pleurant, victimes des bombes lacrymogènes des policiers.
Ce devait être une manifestation bon enfant, bruyante, certes, mais sans volonté de nuire. Elle a fini avec du gaz lacrymo, utilisé pour repousser les manifestants, des parents d’élèves, des enseignants et des élèves du Doubs, mobilisés contre les fermetures d’écoles primaires prévues pour la rentrée dans leur département; 35 en tout.
Après l’occupation expresse de l’inspection d’académie lundi, les membres du collectif Écoles en danger 25 se sont retrouvés ce matin à Besançon, direction le rectorat. Ils étaient environ 500 à s’être donnés rendez-vous à 10 heures place de la Révolution, avec l’intention de faire un « boucan d’enfer », à grands coups de casseroles.
Arrivés devant le rectorat, le ton monte, comme le raconte le blogueur local Bison Teint, présent sur les lieux :
« Une fois sur place, vers 11 heures, ce petit monde poursuit son tintamarre en chantant « on lâche rien ! »… Un cordon de policiers défend l’accès au Rectorat.
Aux alentours de 11h30, certains tentent de s’approcher des portes du bâtiment et les policiers s’équipent de boucliers en plexiglas. Les familles avec enfants sont quelques mètres en arrière.
Quelques manifestants sont repoussés assez fermement par les policiers qui font usage de leurs matraques. L’un d’entre eux sort alors un pulvérisateur de gaz lacrymogène et arrose en direction des manifestants. Le jet touche directement les plus actifs qui se trouvent devant mais se répand également en direction des familles et des enfants qui se trouvent juste en arrière. »
Du côté de la police, c’était un cas classique de légitime défense : « Il y a eu un mouvement de foule comprimant les policiers contre les portes du rectorat, explique le chef d’état major chargé de la communication à la direction départementale de la sécurité du Doubs. Du gaz lacrymogène a bien été utilisé pour les repousser, ils n’avaient pas le choix pour défendre l’édifice. Nous comptons quatre blessés légers, qui présentent des coupures au niveau des mains, provoquées par le heurt contre les portes, des griffures, des morsures. » Certains manifestants mettent en doute ces blessures. Recontacté, le chef d’état-major a simplement indiqué que des certificats médicaux avaient été établis.
« Certaines personnes poussaient devant en effet mais les repousser avec les boucliers me semblait suffisant. Le lacrymo, c’était abusé, vraiment. Surtout qu’il y en a eu une quantité démesurée, il ne s’agissait pas de ne toucher que les premières personnes qui poussaient. Là toutes les personnes présentes dans les 7 à 8 mètres autour pleuraient et toussaient », rétorque le blogueur Bison Teint.
« L’usage de la force par la police ne pouvait absolument pas être justifié »
La version de L’Est républicain va dans le sens de ce témoignage :
C’est alors que sous les ordres du commandant de police Mairet, une dizaine de policiers a distribué des coups de matraque pour récupérer cet espace, aspergeant les manifestants de gaz lacrymogène. Il n’en a pas fallu davantage pour qu’une échauffourée de plusieurs minutes s’en suive. Un face à face tendu a suivi pendant une demi-heure avant que les manifestants lèvent le camp.
L’usage de la force par la police ne pouvait absolument pas être justifié par une quelconque menace ou pression des manifestants sur le portail du rectorat. Tout était calme avant les coups de matraque dans les jambes, les bousculades et l’utilisation du gaz.
Un tel fait divers provoqué par des fermetures d’école témoigne des angoisses autour de l’avenir du service public de l’éducation nationale. À la rentrée 2011, 16.000 postes doivent être supprimés dans l’enseignement, dont plus de la moitié touche le primaire. Une manifestation nationale doit avoir lieu le 18 mai, à l’appel du SNUIpp-FSU, premier syndicat des enseignants du primaire.
Suite à cet événement, le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret (PS) a exprimé son soutien aux manifestants dans un communiqué [pdf] :
« Si c’est ainsi que l’Éducation Nationale et l’État entendent répondre aux revendications des parents, des enseignants et des élus, cela ne peut que conduire à une impasse. [...]
Le Recteur et l’Inspectrice d’Académie doivent prendre la mesure de la mobilisation des dernières semaines à Besançon et dans le Doubs.
Cette carte scolaire, en l’état, a des accents d’abandon du service public d’éducation qui n’est plus, visiblement, une priorité nationale pour ce gouvernement.»
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Photos : Bison Teint
MAJ : à 19h10, pour compléter le passage sur les blessures des policiers ; à 20h12 : une nouvelle vidéo, montrant explicitement l’utilisation de gaz lacrymogènes, a remplacé la première ; le 7 avril à 11h 53 : rajout du communiqué du maire.
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