Les Data en forme
La corruption dans le monde, la suprématie des fourmis et un peu de Chopin pour apaiser la terre. Tels sont les sujets de la virevoltante chronique hebdomadaire des journalistes de données d'OWNI (ou "datajournalists" en anglais dans le texte).
C’est à ce moment précis que vous pouvez monter le son et mettre en pause quelques minutes éblouissantes de votre vie.
Stephen Malinowski a pratiqué le piano durant deux décennies avant d’entamer une carrière de programmeur. À la croisée de ces chemins est née la machine à animer la musique, concept phénoménal de visualisation réalisé grâce à un simple petit logiciel de sa fabrication. Nous vous proposons ci-dessous un peu d’émerveillement grâce à la célébrissime Nocturne opus 9 n°2 en mi bémol majeur de Frédéric Chopin, qu’il composa lorsqu’il avait tout juste vingt ans. Et nous vous encourageons vivement à partir à la découverte de l’univers géométrique de Malinowski : vous rêverez alors de ronds, de carrés, de losanges et de couleurs arc-en-ciel.
“Cette époque est désaxée”
Vous connaissez sans aucun doute l’ONG Transparency International, qui lutte contre la corruption dans le monde1 en enquêtant sur le terrain et en remontant les informations à la population et au plus haut niveau des États. Chaque année, cette organisation publie son indice des perceptions de la corruption, et 2011 est l’occasion de mettre en forme toutes ces données [zip] (récoltées via 17 sources auprès de 13 institutions) à l’aide d’une élégante dataviz. Sans surprise, la Norvège, la Suède, la Finlande et le Danemark – accompagnés de la Nouvelle-Zélande et de… Singapour – sont les pays dont les pouvoirs publics sont les moins corrompus du monde. Nous vous laissons découvrir quels sont les 12 Etats à l’autre bout de cet index.
“The Proxy Platform” (qu’on traduira un monde de mandataires) est une pièce fascinante du Projet de Couverture de la Corruption et du Crime Organisé (OCCRP), réseau de journalistes d’investigation d’Europe de l’est et d’Asie centrale. Cette cartographie de haut-vol met en lumière l’énorme travail de recherche qu’il a été nécessaire de déployer pour comprendre les mécanismes les plus insidieux de la corruption, des falsifications d’identités – souvent aux dépens des citoyens incriminés -, des politiciens véreux, des crapules de tous bords et des banquiers fantômes. Le principe de la cartographie est simple et efficace : un “proxy” (mandataire), une entreprise-fantôme, une banque – une bulle contextuelle qui apparaît, une histoire-enquête à lire. Et une passionnante et inédite grille de lecture de ces réseaux d’influence.
Plus humoristique, mais pas moins sérieux, l’initiative du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en faveur du renouveau en Tunisie : La bourse de la corruption est une plate-forme de crowdsourcing et de visualisation en direct d’un cours fictif des différents actes de corruption possibles dans un pays en transition démocratique. On y vérifiera donc si l’achat d’un match de foot vaut toujours plus que le passage en douce d’un container à la douane, ou si l’obtention “amicale” d’un permis de conduire équivaut toujours plus ou moins à vingt fois le pot-de-vin nécessaire pour l’annulation d’une amende au feu rouge. Nos lecteurs tunisiens sont invités à participer à l’enrichissement de cette application citoyenne. Et ceci n’est pas une tentative de corruption.
“Être ou ne pas être”
Eloignons-nous de la corruption pour deux petites datavisualisations politiques franchouillardes que nous avons aimé cette semaine.
La première nous a été soufflée par Anthony Veyssière (merci à lui) et concerne l’élection présidentielle française – posant la question que nous nous posons tous : qui tweete le mieux ?
ReTwhit2012 est ainsi une web-application qui “récupère les tweets de personnalités politiques françaises via l’API de Twitter et les classe en fonction de leur nombre de retweets et de la date”, soumise au concours #Googleviz que nous avions récemment évoqué dans un autre épisode des Data en forme. Nous souhaitons donc bonne chance (s’il en est) à Anthony pour ce sympathique projet.
Autre habitué de la bidouille, le journaliste de données du Monde.fr Alexandre Léchenet, qui a fait un passage chez OWNI , est le co-auteur de la récente cartographie des batailles de Paris auxquelles nous risquons fort d’assister lors des prochaines législatives au printemps. Une carte Google, un peu de découpage, du contexte, et voici la capitale cisaillée et expliquée avec limpidité.
“Qui meurt paie ses dettes”
Nous vous avons précédemment guidé vers le travail de Jenn Finnas pour sa carte Occupy Wall Street. Nous nous tournons aujourd’hui vers une autre partie de son corpus : Qui sont les plus riches Finlandais ? Grâce à une représentation très épurée, Finnas met en lumière un certain de nombre de vérités dévoilées tous les mois de novembre en Finlande par les services des impôts (vous savez, ceux qui ne sont pas corrompus). Par exemple : ce ne sont pas ceux qui travaillent le plus qui gagnent le plus. Et autres joyeusetés du même goût. Pour la partie technique, le (data-) journaliste, habitué de D3.js – dont on vous a déjà causé plusieurs fois – et de Protovis, s’est emparé cette fois-ci de Raphael.js.
Il ne vous a pas échappé que nous avions récemment passé le cap officiel des 7 milliards d’êtres humains sur Terre. Cet événement donne lieu à une avalanche d’inspirations graphiques – plus ou moins heureuses, dont nous avons fait le tri ici ou là . Cette semaine, nous vous avons sélectionné une infographie originale nommée Seven Billion. Rassurez-vous, si l’originalité n’est pas dans le titre, elle est bel et bien dans la réalisation : son allure “sci-fi” offre un confort de lecture pas si fréquent, et le choix des données utilisées et comparées est d’une grande pertinence. Saviez-vous, par exemple, qu’il y avait sur notre planète 350 millions de tonnes d’êtres humains – soit 8,5 fois moins que la masse totale de fourmis ? Saviez-vous que nous, sept milliards que nous sommes, comptons pour 0,00018% de la biomasse terrestre mais que nous utilisons 20% des ressources du sol sur lequel nous vivons ? Savez-vous à quoi ressemble l’être humain type ? Vous le découvrirez grâce à cette élégante visualisation.
Pour terminer cet 11e épisode des Data en forme, nous vous proposons une nouvelle “histoire par les cartes” (Map Stories) racontée par l’ESRI : Our Global Footprint place savamment les débiteurs et les créditeurs de l’empreinte carbone mondiale. Ces spécialistes examinent la biocapacité disponible (c’est-à -dire la capacité de la nature à produire des biens utiles et à absorber nos déchets tels que les émissions de dioxide de carbone) et la mette en balance avec notre empreinte écologique.
Retrouvez les précédents épisodes des Data en forme !
Les illustrations sont des captures d’écran des sites mentionnés ; les intertitres sont de William Shakespeare.
Auto-promo : 22Mars, la société éditrice d’OWNI, a développé et dévoilé cette semaine une application d’Open Data “Où habitez-vous vraiment ?” avec Orange Labs en partenariat avec la Fing et EverydataLab. Allez faire le test !
- TI est également partenaire du projet Influence Networks développé par OWNI [↩]
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